Jeudi 13 Décembre 2018
Petit Déjeûner + Conférence : LES GRANDES HEURES DES HALLES DE PARIS
C’est au « Pied de Cochon », superbe brasserie ouverte depuis 1947 que notre groupe a été accueilli.
Pendant que nous prenions un petit déjeûner dans un salon au décor Belle Epoque, notre conférencière installait son écran et son appareil de projection afin de nous commenter des documents numérisés, de nombreuses gravures anciennes et de remarquables photographies des XIXe et XXe siècles. Rien de mieux pour respirer le Vieux Paris.
Les Halles avec ses marchands, le petit monde de la cloche, les forts, les filles, les fêtards, tous ceux qui ont longtemps animés et aimés cet immense marché alimentaire où les cris des bouchers, des écorcheurs, des marchands de poissons, des drapiers, des lavandières, des taverniers ou encore des bestiaux, remplissaient les nombreuses ruelles sur ce vaste territoire cerné par les rues Saint-Denis, Saint-Martin, Beaubourg et Rivoli.
Depuis la Lutèce antique, en passant par les premières halles du roi Philippe Auguste, et jusqu’à l’arrivée des pavillons Baltard, ces lieux pittoresques furent toujours dédiés à la marchandise de la ville.
Le premier marché animait le coeur de l’Ile de la Cité, puis il s’implanta de l’autre côté de la Seine, en plein air, sur la terre battue, Place de Grève -l’actuelle place de l’Hôtel de Ville- jusqu’au XIIe siècle.
Vers 1110, Louis VI le Gros décide un nouveau transfert en rase campagne, sur l’emplacement d’anciens marécages asséchés et transformés en champs, d’où le nom de Campelli ou Champeaux, qu’on retrouve aujourd’hui dans la rue des Petits-Champs.
Et pendant plus de huit siècles, les Halles allaient rester à cet emplacement, en subissant de continuelles transformations, pour essayer de s’adapter aux besoins sans cesse croissants de la Capitale.
De 1543 à 1572, on fait bâtir des maisons avec, généralement, au rez-de-chaussée, des portiques ou galeries couvertes connus sous le nom de « piliers des Halles » qui disparaissent lors de la construction des pavillons Baltard. Au centre de ces galeries à arcades se trouve le « carreau », marché du pain, du beurre, du fromage et des œufs.
Vers 1763 , construction de différentes halles : Halle au blé et aux farines, Halle aux cuirs, Halle aux draps, Halle aux gibiers, Halles aux herbes, Halle aux veaux, Halle aux vieux linges, Halle aux vins.
De 1783 à 1789 la surface des Halles est doublée par un marché aux fleurs, fruits et légumes.
La Révolution française, puis le Premier Empire, modifient le concept de la ville. Le coeur de Paris souffre de problème d’hygiène et de sécurité et l’on commence à s’interroger sur l’approvisionnement de la Capitale.
En 1854 Victor Baltard fait construire 12 pavillons couverts de vitrage avec des parois en verre et des colonnettes en fonte. Ces pavillons sont regroupés en deux groupes séparés par une rue centrale à ciel ouvert situé au niveau du chevet de l’Église Saint-Eustache, chacun des 6 pavillons des 2 groupes étant réunis entre eux par des rues couvertes.
Chaque pavillon a sa spécialité (le numéro 3 pour la viande, le numéro 9 pour le poisson etc.) Les fruits et légumes sont vendus sur le carreau, dans les allées couvertes et sur les rues alentour. Les caves abritent lotisseurs-graveurs, cabocheurs, pétrisseurs de beurre, compteurs-mireurs d’oeufs, etc.
Au XXe siècle, les marchands entrant dans les nouveaux courants économiques, le quartier des Halles est jugé inadpté, les problèmes de circulation et d’hygiène sont à l’ordre du jour, les heures sont comptées et rien n’empêchera le départ des marchands vers Rungis.
En 1950, les Halles semblaient condamnées à une mort par asphyxie, à plus ou moins brève échéance.
En 1960, le 14 Mars, le transfert du marché des Halles à Rungis et à La Villette est décidé.
En 1969 : transfert du marché vers Rungis et la Villette entre le 27 Février et le 1er Mars. Cette opération considérée à l’époque comme étant le « déménagement du siècle » concerna 20 000 personnes, 1 000 entreprises de gros, 10 000 m³ de matériel, 5 000 camions. Les 3 et 4 mars suivant, le marché de Rungis ouvrait officiellement ses portes.
En 1971, démolition des six premiers pavillons situés à l’est de la rue Baltard pour permettre la construction de la gare RER et du forum.
Les matériaux de construction de l’ensemble des pavillons ainsi démolis seront vendus au prix de la ferraille.
Ce « ventre de Paris », évoqué par Zola du temps des marchés de gros, est devenu le « coeur » de la Capitale.
C’est maintenant la plus grande gare de la ville, Châtelet-Les Halles, avec 3 lignes de RER, cinq de
métro, 15 de bus et 13 de Noctiliens où passent en moyenne 800 000 voyageurs quotidiens. Le plus fréquenté des centres commerciaux, le Forum, avec ses 41 millions de clients annuels, ses 26 cinémas, sa piscine la plus fréquentée, son jardin de plus de quatre hectares et un réseau de voiries essentiellement souterraines
LE SAVIEZ-VOUS ?
Impossible de travailler aux Halles de Paris sans son bréviaire d’argot, langage codé, mieux vaut le savoir …...
